La 5ème promotion des cadets de la gendarmerie de l’Ain portera le nom « Gendarme ROLLOT »

André Alphonse ROLLOT est né le 18 juin 1910 à Enfonvelle, commune du département de la Haute-Marne, de parents cultivateurs.

Appartenant à la classe 1930, André Rollot est incorporé au 21ème Régiment d’Infanterie de Langres le 15 octobre 1931 en qualité de soldat de 2 ème classe. Rayé des contrôles un an après, il reçoit un certificat de bonne conduite puis passe dans la disponibilité dès le 15 octobre 1932 et par la suite dans la réserve en 1935.

Envisageant mener une carrière au sein de la Gendarmerie Nationale, il est nommé élève-garde à pied par décision ministérielle du 6 mai 1938 et rejoint le centre d’instruction du Peloton Mobile n° 24 de Chaumont. Cette unité est subordonnée à la 8ème Légion de Grade Républicaine dont le siège est à Besançon.

Affecté définitivement à la 8ème LGRM par décision ministérielle du 22 novembre 1938 à l’issue de sa formation initiale, il rejoint le Peloton Mobile n° 28 d’Auxerre et est titularisé garde à pied.

A la mobilisation de septembre 1939, son unité étant située dans la zone de l’intérieure et « aux armées », le garde ROLLOT est détaché au 5ème Bataillon de Mitrailleurs. Cette unité ne comporte aucun militaire d’active à l’exception de quelques sous-officiers provenant de la Garde Républicaine Mobile. Le Garde ROLLOT assurera son rôle d’encadrant, de chef, dans cette unité hippomobile crée à Dijon en septembre 1939 et intégrée à la 41ème Division d’Infanterie. Le terrain d’action dévolue à son unité de combat se situe dans les secteurs fortifiés de la Sarre et la Ligne Maginot. S’en suivra des replis sur ordre au gré des offensives allemandes de mai et juin 1940 et jusqu’à l’armistice.

Le 11 juin 1940, le chef des armées donne l’ordre de repli général.

 Le garde Rollot est en poste au peloton mobile 9/5 de Pithiviers et suit le sort de sa Légion pour se retrouver près de Cahors le 27 juin 1940. Au terme de l’armistice signée, les gardes républicains mobiles ayant servi au titre de la prévôté ou comme encadrant dans les unités de combat sont définitivement affectés en gendarmerie départementale. Il est ainsi placé auprès de la 16ème Légion de gendarmerie de Montpellier puis dirigé vers la 9ème Légion de Châteauroux en zone non occupée.

En janvier 1941 il est affecté à la 7ème Légion Bis de gendarmerie de Bourg en Bresse (01), Compagnie de l’Ain, Brigade de Montmerle-sur-Saône. Il est admis dans le corps des sous-officiers de carrière le 1 juin 1942.

Dans leur majorité, les gendarmes de la section de Trévoux ont choisi leur camp dans cette période troublée et le gendarme Rollot connait assurément les activités des chefs de la résistance du Secteur 8.

Il contribue aux échanges d’informations touchant soit les réfractaires au Service du Travail Obligatoire ou les partisans recherchés par l’occupant et les autorités complotistes. Malgré la pression des services allemands, il manifeste dans l’exécution de ses services sa pleine hostilité à l’adversaire.

 Le gendarme Rollot attend le débarquement allié pour, conformément aux ordres de Londres, sortir de sa caserne et rejoindre ouvertement le combat.

Le 24 mai 1944, ce sous-officier est détaché au sein d’un peloton agissant au titre du maintien de l’ordre à la préfecture de Bourg en Bresse avec l’un de ses camarades, le Gendarme LEMESRE.  Au passage d’un car chargé de miliciens, le gendarme Rollot, révolté par cette présence, acquiesce les propos de son camarade : « Crois-tu qu’une rafale de mitraillette ne serait pas bien placée ? »

Ces paroles furent entendues par un groupe de civils qui n’étaient autres que des individus appartenant au Parti Populaire Français, parti politique d’inspiration fasciste et collaborationniste entre 1940 et 1944.

Alors qu’ils regagnent leur cantonnement, les deux gendarmes sont interpellés sous la menace de pistolets et contraints de monter dans une voiture pour être déposés dans une caserne occupée par les Allemands.

Conduit par la suite à la prison de Montluc, prison nazie depuis le 17 février 1943, André Rollot est transféré au camp de transit de Compiègne le 1 juillet 1944. Le 15 juillet, il part pour l’Allemagne et le camp de concentration de Neuengamme. Il y arrive le 8 août et est enregistré sous le numéro matricule 37666.

 Affecté au Kommando « Bremen-Osterort » il travaille à la réalisation d’un bunker pour sous- marins avec 2000 autres détenus. 

Epuisé par les privations, il décède le 17 novembre 1944. Il a 34 ans et laisse une veuve et deux orphelines dont la dernière, Daniele, née le 31 octobre 1944 n’a que 2 mois….

Le gendarme ROLLOT se voit concéder la médaille militaire à titre posthume pour services de guerre exceptionnels par le décret du 14 janvier 1948.

Il est cité à l’ordre de l’armée avec attribution de la Croix de guerre 1939/1945 avec palme de bronze à titre posthume par le décret du 14 janvier 1948 avec la citation suivante :

« Gendarme animé d’un bel esprit de patriotisme. Arrêté le 24 mai 1944 en raison de son hostilité à l’occupant, a été déporté en Allemagne et interné au camp de concentration de Neuengamme. Y est mort le 17 décembre 1944, épuisé par les privations sans avoir fait aucune révélation à l’ennemi. »

La médaille de la déportation et de l’internement politique lui est attribuée à titre posthume, le 11 mars 1963.

A nous le souvenir, à eux l’éternité.

Colonel (h) Donatien Lahéry.

Jour 1 : lundi 20 octobre 2025