Le Gendarme Marcel Lemesre est né le 23 octobre 1911 à Lille.

Il s’engage en 1932 au 1 er Régiment du Train en garnison dans sa ville natale et accède au grade de Maréchal des logis. Il sert dans cette arme pendant 8 ans et 2 mois.

A l’approche du conflit avec l’Allemagne, il est affecté à la compagnie automobile du Quartier Général n° 351/1, unité de la VII armée qui combattra en Belgique.

Cette armée, attaquée sur la Somme et dans l’Ailette par un ennemi disposant d’une supériorité écrasante en aviation et en engins blindés ne cédera pas. Il lui faut, pour échapper à son étreinte, opérer un repli de plus de 400 kilomètres en fournissant des efforts surhumains. Elle évite la honte et les misères d’une capitulation en rase campagne. Elle n’a pas connu la défaite.

Le Maréchal des Logis Marcel Lemesre y contribua.

Par ordre général n° 77 du 1 juillet 1940 il est cité à l’ordre du régiment avec attribution de la croix de guerre 1939/1940.

« Au cours des opérations de la 7 ème Armée du 5 au 24 juin 1940, a fait preuve de belles qualités de sang-froid et d’entrain en accomplissant dans des conditions difficiles et sous de violents bombardements aériens les diverses missions qui lui ont été confiées «(texte de la citation).

En novembre 1940 il est volontaire pour rejoindre l’Armée du Levant. Il débarque à Beyrouth le 19 janvier 1941 et est affecté au Groupe Automobile 3/15. Il est rapatrié d’office après 8 mois au Liban.

Le 16 décembre 1942 il intègre la compagnie de gendarmerie de l’Ain et la brigade de Villeneuve. A compter du 15 février 1943 il suit sa formation d’élève gendarme auprès de l’Ecole Préparatoire de Romans pour une durée de trois mois puis rejoint sa brigade avec le grade de gendarme.

Les gendarmes de la Dombes, dans leur majorité et en cette période troublée, choisissent leur camp. Le gendarme Lemesre est en contact avec les chefs de la résistance du Secteur 8. Les renseignements sur les réfractaires au STO, les partisans recherchés par les autorités allemandes font l’objet d ‘échanges d’informations. Malgré la pression de l’occupant et des autorités, certains services, certaines patrouilles ne sont pas pleinement exécutés. Les enquêtes se montrent difficiles à mener et avec toute la lenteur désirable. Ses actions permettent aux réfractaires et maquisards de faire disparaître toutes traces de leur passage vers les lieux de refuge.

Le gendarme Lemesre attend le débarquement allié pour, conformément aux ordres de Londres, sortir de sa caserne et rejoindre ouvertement le combat.

Le 25 mai 1944, ce sous-officier se trouve de service à Bourg en Bresse avec l’un de ses camarades, le gendarme Rollot. Au passage d’un car chargé de miliciens, ce militaire révolté par cette présence déclare à son collègue : « Crois-tu qu’une rafale de mitraillette ne serait pas bien placée ? »

Ces paroles furent entendues par un groupe de civils qui n’étaient autres que des individus appartenant au Parti Populaire Français, parti politique d’inspiration fasciste et collaborationniste entre 1940 et 1944.

Sous la menace de pistolets, le gendarme Lemesre et son camarade furent arrêtés et livrés aux allemands. Incarcéré au Fort de Montluc à Lyon, il est interné au camp de Compiègne le 5 juillet 1944 sous le matricule 43534 puis déporté le 13 juillet au camp de concentration de Neuengamme où il décède le 15 novembre 1944.

Le 14 janvier 1948, à titre posthume, la Médaille Militaire et de la croix de guerre 39/45 avec palme pour services de guerre exceptionnels lui sont concédées.

La citation mentionne : « Gendarme animé d’un bel esprit de patriotisme. Arrêté par les allemands le 26 mai 1944 en raison de son activité résistante, a été déporté et interné dans un camp de concentration en Allemagne où il est décédé. »

La mention de « Mort pour la France » ainsi que le titre de « déporté-résistant » lui sont attribués par décision ministérielle des anciens combattants et victimes de guerre. La mention « Mort en déportation » lui est accordée et publiée au Journal Officiel du 8 avril 1987.


A nous le souvenir, à eux l’immortalité.

Colonel (h) Donatien Lahéry.

Jour 1 : lundi 28 octobre 2024